vendredi 28 novembre 2014

Kenny Garrett x Ibrahim Maalouf à l'Opéra Garnier de Monte Carlo : un voyage dont on ne veut pas revenir.

Je vous préviens, cet article sera très dense. J'ai ressenti bien trop de chose pour pouvoir être concise.

Et on m'avait prévenue, moi aussi...

"Ces deux là à l'Opéra Garnier, Charly tu vas en prendre plein les yeux et plein les oreilles!"
Big up MC

Et puis soudainement, mes amis commençaient à m'en vouloir quand je leur annonçais que j'avais pu obtenir une place...

Mais je n'aurais jamais espéré autant que ce que j'ai reçu ce soir là.

Assister à un concert dans le cadre de l'Opéra Garnier de Monte Carlo est déjà un privilège extraordinaire, avec un accueil des plus chaleureux de la part des personnes qui y travaillent, c'est si agréable!




Les artistes ont été introduits par Jean-René Palacio, directeur artistique de la Société des Bains de Mer (SBM) de Monaco et directeur du festival Jazz à Juan, il a lancé cette année la neuvième édition du Monte Carlo Jazz Festival qui se déroulait du 25 au 29 novembre. Comme il l'a très bien dit: "Ce festival de jazz est un super-cru". Une programmation superbe comme on en retrouve à Jazz à Juan. Une interview à propos du festival ici.




Le concert a donc commencé avec le Kenny Garrett Quintet.

Kenny Garrett, au fil de son concert, nous fait découvrir un jazz tantôt puriste, assez mystique puis plus festif. Une véritable initiation, pour moi qui suis plus adepte du jazz dans sa version plus accessible. 


Ses musiciens et lui ont su mettre une ambiance extraordinaire avant l'arrivée d'Ibrahim Maalouf et il a reçu une véritable ovation de la part du public comme en témoigne cette vidéo:



Vient ensuite l'heure du très attendu Ibrahim Maalouf.


L'obscurité est rompue par les notes du morceau Illusions, premier de l'album du même nom et l'on se laisse immédiatement porter par la mélodie très théâtrale, suivi de Conspiracy Generation qui nous fait entrer dans l'épopée d'Ibrahim Maalouf.

Le ton est donné: ce concert sera grandiose.

Un petit mot au passage sur Conspiracy Generation pour dire à quel point j'adore ce morceau, en particulier sa seconde partie avec le dialogue des trompettes: une petite merveille.

Ce qui ressort aussi de ce concert c'est qu'Ibrahim Maalouf parle peu mais sa musique parle pour lui. On le sent en osmose avec son public, en dehors de tous les mots qu'il pourrait employer.


Pendant deux heures, je suis restée dans une bulle où il n'y avait plus que lui sur scène et moi seule dans la salle malgré les tonnerres d'applaudissements du public après chaque morceau.

C'est indéniable, il crée un lien extraordinaire avec son public qui le lui rend bien.

Je ne pourrais pas parler de ce concert sans vous parler du morceau Beirut, certainement un des morceaux les plus importants à son coeur puisqu'il y raconte une journée terrible de sa jeunesse à Beirut.
Je l'écoute souvent dans les jours où le moral ne va pas et la complainte feutrée de sa trompette, associée à la balade de la guitare électrique, me réconforte... Jusqu'à la fin du morceau qui arrive à me faire pleurer quasiment à tous les coups.
Vous imaginez donc ma réaction quand il a commencé à parler pour expliquer qu'il allait la jouer, et que nous allions chanter le début du morceau (2:22 à 3:08)! 
Mon coeur était tellement serré que cette fois je n'ai pas pu pleurer mais mes larmes sont restées bloquées à la commissure de mes yeux... Et les frissons... Mon dieu ces frissons qui ne m'ont pas quittée de la soirée...


D'ailleurs, lorsqu'il a chanté on en a regretté de ne pas l'entendre plus souvent: sa voix est d'une douceur extraordinaire.

Dans chacun de ses morceaux, on ressent tout l'Orient qui coule dans ses veines, les images du Liban qui doivent défiler devant ses yeux... Et moi qui ai passé tant de temps au Maroc chez ma tante de coeur en étant petite, j'étais comme à la maison.

Il y a aussi énormément d'influences rock et hard rock. Grand moment de joie en l'entendant faire des références à Led Zeppelin (à qui Beirut rend hommage, d'ailleurs). Encore un point commun.

C'est là que j'ai réalisé que je n'arrivais pas à le placer dans une catégorie en particulier: c'est une sorte de jazz oriental de rockeur... Non c'est bien mieux que tout cela: c'est du Ibrahim Maalouf.


Et c'est de là que vient toute mon admiration pour lui: pour ce qu'il a vécu en naissant au Liban au pire moment, pour ce qu'il a du y vivre et pour sa capacité à transformer toutes ces épreuves en une musique grandiose qui révolutionne le jazz. C'est moderne, accessible, et il initie à l'un des styles les plus élitistes qui soient.

Après tout, si je me sens autant en harmonie avec sa musique, c'est surement parce qu'entre scorpions on se comprend...
(5 novembre pour lui, le 6 pour moi, si c'est pas joli...)

Il nous a beaucoup remercié tout au long du concert mais cela ne me semble pas normal que le public ne lui dise pas non plus merci en dehors des applaudissements. Les mots c'est important.

Alors voilà: Merci Ibrahim. Merci ses musiciens aussi. Merci pour les frissons, merci pour ce voyage dans lequel tu nous as transporté, merci aussi de ta douceur et de ta gentillesse. J'aurais voulu parler avec toi pendant des heures mais cette brève rencontre m'a suffi pour me confirmer que tu es une personne tout aussi merveilleuse que ta musique.


Merci.

Plein d'autres photos sur la page facebook du blog et en cadeau, une vidéo d'une interview pour mieux saisir qui il est.

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